B i b l i o g r a p h i e
François Barré
"Le champ de feu" catalogue du C.E.A.A.C. - Strasbourg.
En Alsace, Daniel Pontoreau a choisi d'établir sa sculpture en un lieu appelé
"le Champ du Feu".
Il en fait une aire mentale où les intensités se mèlent. L'humus noir s'élève, rejoint les nuages, comme les étoiles à travers les blocs de marbre posés au sol semblent rayonnner du plus profond du champ.
Le promeneur est pris dans un mouvement où ciel et terre s'interpénètrent, se croisent, s'inversent pour engendrer une forme en expansion, réelle et immatérielle à la fois, très caractéristique de la sculpture de Daniel Pontoreau.
Georges Raillard
"Lieux intérieurs de Daniel Pontoreau" - La quinzaine littéraire.
C'est cette qualité d'objets syntaxiques qui nous invite à parler de poème plastique au sujet de cette oeuvre. Et qui fait regretter que par force, par nécessité, presque rien ne puisse subsister de ce qui aura été vu.
Destin d'une sculpture, proche de celui de la danse, quand cet art, jadis, de ce qui fait relief, de ce qui impose, fait monument, propose des essais de figures, se préoccupe, plus que des choses mêmes, de ce qui les écarte, les rassemble, les fait paraître : leur comment.
Gérald Gassiot-Talabot
"OPUS international" (extrait) , hiver 1992
Son propos cherche à : "casser" le côté matériel de la chose sculptée, à définir une tension entre les formes, à ne penser ces formes que dans une relation avec d'autres formes et avec un espace.
Jamais comme un volume isolé en autosuffisance.
Anne Tronche
"OPUS n° 92".
Le changement d'échelle des pièces, l'usage de matériaux divers (terre cuite, verre, bronze, corde, béton, fer et bronze), la simplication intelligente des systèmes formels - au point d'en faire dans certains cas des principes
ouverts à la limite de la non-forme vont l'engager peu à peu à travailler à la manière d'un scénographe, en choisissant des volumes dépouillés pour communiquer une vision osmotique du monde.
Pontoreau réalise des oeuvres qui appartiennent d'abord au domaine de la vibration émotive.
Oscillant du solide au fluide, du prosaïque au poétique, du bricolage à la maîtrise formelle la plus évidente,
elles exigent du spectateur l'acceptation de l'insécurité qui le gagne à saisir ce qui se passe
dans les interstices du visible. Car ce qui les rend toute à la fois expressives et abstraites c'est
qu'on ne peut les voir sans rejoindre sa propre pensée, sans briser le cercle où nous enferme l'exercice de
la vie quotidienne. Eludant les définitions exactes, elles se tiennent sur le versant des intuitions sensibles,
boire des pensées magiques, là où le langage concret des signes, des formes et des matières se met au service d'une
vision mythique de l'espace.
Luc LANG
"Dans l'axe des volcans", catalogue du C.R.E.D.A.C - Ivry sur Seine.
Sculpture : n.f (1380; lat. sculptura) Représentation suggestion d'un objet dans l'espace, au moyen d'une matière à laquelle on impose une forme déterminée dans un but esthétique.
Cf. définition du Petit Robert (Ed. 1987). Ainsi, l'apparition de la matière en un lieu de la planète signale toujours sa disparition en un autre, comme le rappel lancinant d'un monde fini, et les pleins et les vides ne composent pas un simple rythme paysager, mais bien aussi un rythme géologique dont le sol serait comme la ligne de partage ou mieux, la ligne de portée. Enfin, j'aurais aimé écrire comment cette sensibilité à la dynamique d'un axe géologique qui est, je le répète, celui de toutes les transformations de la matière terre et des minerais, et celui corrélativement de toutes les températures, se commue parfois en l'instauration de paysages tendus entre deux ou trois pôles. Ces pôles, tels des noeuds d'énergie et de cristallation de la matière, définissent et délimitent ces paysages comme des champs mangétiques d'étendue ou de contraction, d'éparpillement ou de concentration des particules, des champs de force qui inscrivent comme la pulsation de la matière en mouvement laquelle oscille sans cesse entre le dessin d'une forme et d'un ordre de l'abandon à une entropie.